۲۳
شهریور

vous devez eviter les attitudes extremes : le deni du « tout va tres beaucoup, madame la marquise » ou le decouragement du « nous sommes condamnes a disparaitre ».

vous devez eviter les attitudes extremes : le deni du « tout va tres beaucoup, madame la marquise » ou le decouragement du « nous sommes condamnes a disparaitre ».

Partout au Canada, depuis 25 annees, le gabarit en langue francaise est en baisse, ainsi, jamais a peu pres.

Pour determiner la preference linguistique d’une personne, il convient savoir si elle s’exprime habituellement en francais, en anglais ou dans une autre langue lorsqu’elle est vraiment libre de son panel. A cette fin, le recensement du Canada demande a chaque qui repond quelle langue il parle « le plus souvent a la maison ». On lui fera ensuite indiquer s’il cause « regulierement d’autres langues a domicile ». Ca permet de voir si un individu qui s’exprime le moins rarement dans une langue tierce penche par l’une ou l’autre des deux langues officielles.

Sources : Statistique Canada ; Calculs Pierre Fortin

Ce paraissent les reponses a ces deux questions qui nous disent que la preference pour le francais a nettement diminue voili   un quart de siecle. Notre tableau resume le glissement observe en concentrant l’attention concernant la generation des 25 a 34 annees, habituellement messagere de l’avenir. Au Quebec comme au Nouveau-Brunswick, le pourcentage de ces jeunes adultes qui parlent le moins rarement ou regulierement francais a la maison a baisse d’environ quatre points en 25 ans. Au Quebec, c’est passe de 85,5 % en 1991 a 81,8 % en 2016 ; au Nouveau-Brunswick, de 31,7 % a 27,3 %. Dans l’ensemble des huit autres provinces, le gabarit demographique des jeunes francophones de 25 a 34 annees, deja minuscule a 1,9 % en 1991, reste descendu a 1,3 % en 2016.

Dans ces trois regions, la regression du francais a eu comme contrepartie une progression de l’anglais. Au Quebec, entre autres, le poids demographique des jeunes de 25 a 34 annees qui parlent le moins rarement ou regulierement anglais a gagne trois points, se hissant de 11,6 % en 1991 a 14,7 % en 2016.

Depuis 1945, la mondialisation des echanges a consacre votre domination de l’anglais tel langue internationale. Notre Canada francais n’y a pas echappe. Au Quebec, la preference pour le francais est en recul en depit des deux remparts de protection qu’on a instaures au cours des 50 dernieres annees. D’une part, les ententes conclues avec le federal depuis 1971 ont permis d’accorder une importance accrue a J’ai connaissance du francais dans la selection des immigrants. D’autre part, la loi 101 de 1977 a impose la scolarisation indispensable en francais aux jeunes immigrants. Mes precisions du tableau montrent que ces mesures n’ont jamais suffi. Elles n’ont gui?re empeche des Quebecois nes au milieu des annees 1980 d’etre moins portes a s’exprimer librement en francais que leurs predecesseurs nes au debut des annees 1960.

Le declin du francais risque meme de s’accelerer. La langue reste un bien public dont la valeur depend du nombre de personnes qui l’utilisent. Si le francais voit son poids demographique continuer a diminuer, il perdra bien plus de valeur et un nombre bien plus eleve de Quebecois s’en detourneront. Autrement devoile, plus le francais declinera, plus cette chute va i?tre rapide.

Que faire ? Il faudra eviter les attitudes extremes : le deni du « tout va tres bien, madame la marquise » ou le decouragement du « nous sommes condamnes a disparaitre ». Mieux vaut prendre le souci a bras le corps. L’investissement maintenant prevu avec le gouvernement du Quebec en matiere d’immigration doit ajouter de facon appreciable a l’effort de francisation. Le gouvernement reconnait via la que le glissement d’une langue francaise est reel, mais y manifeste son espoir de pouvoir stabiliser des choses. Sa determination nous amene bien a mettre en place des solutions du cote de l’offre.

Cependant, il faudra aussi agir du cote de la demande. Afin que nous voulions vraiment continuer a vivre en francais, nous devons aimer notre langue et en etre fiers. Pour que nous l’aimions, elle doit etre belle. On doit bien l’enseigner, bien l’ecrire et bien la parler. Afin que nous en soyons fiers, il convient accroitre sensiblement une investissement en culture et faire reconnaitre une production culturelle partout dans le monde. Nous avons deja de nombreux vedettes internationales, mais nous possedons les talents pour en avoir dix fois plus. La Coree du Sud, 1 pays qui reste aussi coince dans l’ocean sino-japonais que nous pouvons l’etre dans l’ocean nord-americain, a emprunte une telle voie avec 1 succes remarquable. Sa production culturelle, d’la K-pop a la musique traditionnelle, en litterature au cinema, des arts visuels aux arts d’la scene, reste maintenant dominante en Asie et repandue sur la planete. Partout ou ils vont, les Coreens sont fiers de voir leur culture ainsi reconnue. Notre langue et la culture coreennes paraissent perennisees. Rien de cela ne nous sera facile. Mais y n’y a pas eu d’avenir pour les paresseux.

Cette chronique a ete publiee dans le numero de janvier 2020 de L’actualite.